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23 septembre 2015

Océanosceptiques ?

Climatosceptiques, créationnistes, à défaut d’enrichir le débat dans le domaine scientifique dans lequel ils s’immiscent, ces experts en division de l’opinion publique savent instiller le doute là où il y a consensus.

S’il ne suffit pas de s’opposer à l’opinion majoritaire pour avoir raison, cela leur permet au moins de faire reculer toute prise de décision politique. Récemment, l’état des lieux dramatique des océans, qui se cristallise au fil de travaux scientifiques dans divers domaines, a fait l’objet d’une telle remise en cause dans une publication intitulée « Reconsidérer les calamités océaniques », suscitant un va-et-vient de papiers entre deux équipes de scientifiques.

Selon le professeur Carlos Duarte – un chercheur dont les travaux traitent des changements globaux affectant les écosystèmes marins – notre société serait trop pessimiste au sujet de l’état général des océans. Ce dernier qualifie ainsi de « calamités océaniques » les perturbations des écosystèmes marins telles qu’elles sont présentées par les médias et, in fine, perçues dans l’imaginaire collectif. Dans un article publié en 2014,[1] il revenait notamment sur les justifications avancées par d’autres scientifiques pour expliquer certaines de ces perturbations (surpêche, invasions d’algues ou de méduses, ou encore disparition des organismes calcaires par acidification de l’océan). Simultanément, il remettait en question le rôle de l’Homme, le caractère disruptif de ces perturbations ainsi que leur réelle étendue à l’échelle planétaire.

Ce papier, qui tentait d’expliquer que les choses allaient mieux qu’on ne le pense pour les océans, vient de faire l’objet d’une analyse critique. Intitulée « Calamités de l’océan : litanie hype ou préoccupation légitime ? »,[2] cette publication précise d’entrée de jeu que nier l’existence de problèmes majeurs est potentiellement bien plus dangereux que d’en détecter d’inexistants. Jennifer Jacquet et ses co-auteurs réfutent que le vocabulaire catastrophiste employé par les auteurs de « Calamités océaniques » soit celui utilisé dans les publications traitant des menaces qui pèsent sur les écosystèmes marins. Plus particulièrement, ils critiquent les généralités faites par Duarte et ses collègues, trop simplistes et brouillant la frontière entre ce que l’on sait et ce que l’on ignore. Par exemple les chercheurs ne tiennent pas compte des preuves irréfutables du rôle de l’Homme dans de nombreux domaines comme :

  • la destruction des habitats (perte de plus de la moitié des populations de coraux dans le monde, destruction des mangroves et les herbiers sous-marins) ;
  • les impacts du chalutage sur les fonds marins ;
  • la décimation de grands prédateurs et grands mammifères comme les baleines, les requins ou les phoques ;
  • l’augmentation de pollutions en tous genres (déchets plastiques, pesticides, bruits liés aux transports/armées).

En dépit de leurs propres injonctions à plus de rigueur scientifique de la part des autres chercheurs, Duarte et ses collègues développent une méthodologie de recherche pour le moins critiquable. Ainsi, leur échantillon d’articles de presse semble avoir été élaboré dans le seul but d’étayer un propos sur le pessimisme ambiant dont la société serait victime. Cette liste ignore toutes les campagnes qui ont été réalisées pour proposer des solutions : l’élimination des subventions nocives, la création de listes d’espèces menacées comme celle mise en place par la CITES, la mise en place de réserves marines, etc.

Fossiles de poissons / Musée des Confluences, Lyon ©Charlène Jouanneau

La science étant faite d’avancées – tantôt réfutées, tantôt confortées –, rien n’est jamais figé (à part les théorèmes). Cependant, il est dommage de constater que des scientifiques utilisent leurs compétences pour nier en bloc tous les travaux de leurs collègues, sans proposer d’alternatives. Il n’est pas difficile de voir que les océans sont exsangues à part dans quelques endroits. Critiquer le fait que les populations d’animaux marins n’ont pas diminué de 50% mais de 45%, ou que les stocks commerciaux de poissons ne seront plus économiquement exploitables en 2048 mais en 2060 est totalement futile. Le seul effet de ce déni est de créer des débats sans direction et surtout d’anéantir toute prise de décision.

Pour aller plus loin, voir un article en ligne traitant des stratégies de communication au cœur des polémiques scientifiques :

« Le scepticisme fait partie intégrante de la démarche scientifique. Il arrive cependant que des consensus soient remis en question par d’éminents scientifiques explorant de nouveaux domaines et utilisant leur notoriété pour convaincre un public de novices. L’immense majorité de la population n’a pas les connaissances suffisantes pour distinguer l’honnête remise en question de l’éventuelle imposture contestataire. Quels éléments du discours des contradicteurs permettent de convaincre le public non averti ? Comment la polémique peut-elle être perçue comme une controverse scientifique ? Il ne s’agit pas ici de discuter des arguments mis en jeu, mais d’analyser la manière dont ils sont utilisés. Constater que la même rhétorique est employée par les contestataires, quel que soit le sujet concerné, permet d’aiguiser le regard critique sur le traitement médiatique des sciences. Ces analyses ne font qu’accroître la conviction qu’une éducation aux médias s’avère indispensable pour ne pas se perdre dans le brouillard des polémiques scientifiques. »

 

Références :

[1] Duarte, et al. (2014) Reconsidering ocean calamities. Bioscience: 2.

[2] Jacquet, et al. (2015) Ocean calamities: hyped litany or legitimate concern? Bioscience: 2.

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